Bon, ça commence à bien faire, 4 ans après la fondation du club, nous végétons toujours dans les abysses de l’ultimate français en l’occurrence la Division Régionale Nord-Ile de France. Le président a tapé du poing sur la table à la dernière AG ; il est hors de question que cela continue, c’est la montée et rien d’autre. Le brief de mission est on ne peut plus clair, et la composition de l’escouade ne laisse pas de place au doute ; les plus déterminés ont été sélectionnées et sont prêts à donner leur vie pour le drapeau Frog.
Brama, Nico, Guigui, Mrick, François, Enguy, Philou, Lolow, Mika, Marie, Mel, Val et Rémi partiront donc au front à Orléans. Nous avons également réquisitionné pour l’opération la dénommée Juliette. C’est une fine tacticienne qui prendra en charge la logistique et qui de plus connait très bien la région et ses nombreux points stratégiques (Le pont de l’Europe ou encore la fameuse tangentielle).
Les Frogs ont un très mauvais souvenir des hippodromes. C’était il y a 2 ans à Evreux et le week-end fut dantesque car les éléments s’étaient déchaînés, rendant la moindre passe à 5 mètres complètement aléatoire. Et une nouvelle fois il nous est proposé de jouer au centre d’un hippodrome. Mrick, un poil superstitieux, fait la grimace car les prévisions météo ne sont pas fameuses.
L’hippodrome, situé en bordure de la Loire, ne semble cependant pas avoir vu beaucoup de chevaux récemment. D’ailleurs les chevaux eux-mêmes, agacés par le mauvais état des infrastructures, ont récemment déclaré ne plus vouloir courir ici. Il y a aussi une tribune très ancienne qui parait-il aurait été construite par Gustave Eiffel himself ou un de ses disciples. Ce qui nous permet de nous imaginer dans quelle état serait la Tour Eiffel aujourd’hui si elle n’avait bénéficié d’aucun entretien régulier depuis plus d’un siècle.
Les vestiaires sont bien, mais les chiottes sont de type turc, ça fout toujours un coup au moral. Soulignons la qualité du terrain qui aura bien absorbé la pluie et résisté aux piétinements intensifs, contrairement au terrain d’à côté qui a accueilli les matchs de la poule basse. La buvette est un modèle de commerce efficace : le prix, le choix et l’accueil.
Le président, décidément très superstitieux, ne veut pas enfiler son maillot bleu. Les statistiques sont édifiantes, Frog Disc Section n’a gagné aucun match de championnat en bleu. C’est donc battus d’avance et complètement démoralisés que nous rentrons sur le terrain vêtus de bleu face aux Fly Disc’r. Nous commettons une multitude d’erreurs, de drops et de mauvais choix, et forcément le score défile en faveur de nos adversaires jusqu’à 7-1.
Le match de la phase aller contre ces mêmes adversaires s’était soldé par une défaite honorable et nous avions mieux défendu en individuelle qu’en zone. Mais ici notre défense individuelle est inefficace et nous retentons donc une zone pour le fun, persuadés que cette partie est perdue. Le match s’équilibre un peu jusqu’à 9-3, puis le cap est annoncé à 11 points.
La Maladie du Cap est présente partout dans l’air, elle menace et peut frapper n’importe qui n’importe quand. Ce sont les Fly discr qui l’attrapent, et les symptômes se manifestent ici bien plus violemment que les cas observés récemment.
Nous jouons avec l’énergie du désespoir et le sentiment de ne rien avoir à perdre. Notre défense est très efficace, stoppe régulièrement les offensives adverses près de leur zone et nous enquillons les points les uns après les autres. La fébrilité gagne nos adversaires en nous voyant revenir au score. Le match s’éternise et nous finissons par recoller à 10-10 ! Incrédules, nous continuons sur notre lancée et les Fly semblent pétrifiés par le scénario. Après 1h45 le match rend son verdict, et c’est la victoire pour les Frogs sur le dernier point : 11-10 ! Incroyable !
Nous sommes très heureux évidemment, mais pas les Fly qui accusent vraiment le coup et nous l’avons bien vu lors du débrief dans le huddle. En résumé : un match d’ultimate n’est jamais terminé tant qu’il n’est pas terminé. A méditer.
Nous enchaînons directement par le match contre les Sun. Pas de gamme ni de flèche, nous sommes chauds et galvanisés par le match précédent. Dès les premières passes, nous constatons les caractéristiques de cette équipe. Moins de cohésion et de maîtrise, mais plus dynamique, plus rapide et plus physique avec des grands gaillards dont quelques vieilles connaissances. Il y a aussi Marta qui joue très bien et crie très fort.
Nous constatons également que le ciel s’assombrit, que le vent se renforce et que la pluie commence à tomber gentiment. Les grenouilles sont dans leur élément, mais pas les Sun qui cherchent le soleil. Donc nous sommes avantagés et nous faisons la course en tête jusqu’à 7-4. CQFD Merci l’analyste.
En l’espace d’une minute l’orage éclate et les éléments se déchaînent forçant les deux équipes à s’abriter sous la mini tonnelle de la table de marque pendant un gros quart d’heure. 30 joueurs d’ultimate sur 5m² ; au moins on a pas eu froid.
L’orage passe et le match reprend peu avant la mi-temps. Cette deuxième partie de match sera très difficile. Le soleil fait une belle percée et les Sun, motivés par la présence de l’astre, redoublent d’intensité, changent de tactique, rentrent dans la cup et percent notre zone. Et pendant que nous contemplons au loin la cathédrale d’Orléans ornée d’un arc-en-ciel flamboyant, les Sun en profitent lâchement pour marquer et marquer encore. Notre avance se rétrécit à vue d’oeil, et nos jambes commencent à protester. 10 partout ! Finalement dans un dernier sursaut nous parvenons à gagner 13-11.
On a eu peur, mais finalement cette journée se termine avec la banane et 2 victoires complètement épiques. Nous pouvons nous diriger avec satisfaction vers le restaurant.
Resto sympa, belle déco, bonne bouffe, mais vraiment belle déco quand même et surtout la statue de la déesse aux seins nus qu’Mrick s’est empressé de photographier en s’exclamant « mais c’est énorme! ». La photo est disponible il faut la réclamer au président.
Les discussions de la partie droite de la table (vers les pieds de la déesse) ont évoqué nos matches du jour bien sûr, mais aussi le sex-appeal des rugbymen professionnels. Pour finir nous avons fait un tour de table pour savoir ce que les garçons de l’équipe portaient l’été en vacances à la plage : un slip, un bermuda ou une combinaison intégrale. Marrant.
Il n’y a eu aucune fuite concernant les discussions de la partie gauche (vers les boobs de la déesse), cet article est donc incomplet désolé.
Nous nous souviendrons longtemps de l’appartement de Lannion. L’appart-hôtel Adagio d’Orléans est sensiblement moins chaleureux. Pas de fioritures ici, vous êtes là pour dormir… et partir. Tant mieux puisque c’est précisément ce que nous avons fait. A noter quand même le renfort de Lolow qui jouera avec nous dimanche, et le petit déj collégial et sympathique pris dans une de nos chambres.
9h, c’est dur mais pas question de gâcher les résultats du samedi.
Le match contre Revolution’air démarre idéalement. Les conditions météo sont acceptables, nous sommes bien dans le match et les Révo dans le dur. 6-0 à la mi-temps !
Les Révo réagissent et la deuxième mi-temps est plus équilibrée. On s’accroche et nous l’emportons 11-5 sereinement dans un match un peu bizarre dans lequel notre adversaire aura largement rivalisé sur la deuxième mi-temps.
Nous jouons le dernier match à 13h, ce qui nous laisse du temps pour manger, sécher et faire quelques comptes. Les Fly disc’r, un peu vénèr après le hold’up du premier match, ont gagné 3 fois par la suite avec de beaux écarts au score. Il est donc impératif de gagner contre les Power Rouengers pour finir premier et monter, sinon nous sommes battus par les Fly au « goal average ».
Mais la météo refait des siennes. Dès le début de notre échauffement le vent et la pluie redoublent, le footing de reprise est un calvaire et la flèche se transforme en spectacle comique. Quant aux rouennais, ils délaissent carrément la pelouse pour s’échauffer sous la tente protégeant la table de marque.
Finalement le calme revient pour le départ du match.
C’est très serré. Le match est un chassé-croisé : nous sommes en tête, puis les Rouengers reviennent et mènent au score. Zach le zébulon du middle, est le prototype du joueur dont on se souvient longtemps. Un look, un style, mais surtout très bon joueur et qui fait mal aux pattes. Mais nous ne lâchons rien en défense et nous arrivons au cap avec 2 points d’avance : 10-8
Cap à 12. L’adversaire marque 10-9, la tension est palpable mais nous ne craquons pas. 11-9, puis 12-9 !!! Victoire !
De la joie et un peu d’émotion pour toute l’équipe, car l’adversité était bien là, et il a fallu s’accrocher à tous les matches. Nous n’étions peut-être pas les plus doués sur le terrain ce week-end, mais c’est l’envie et l’esprit d’équipe qui nous ont portés vers ce beau résultat.
Tout le monde aura contribué, mais il faut remercier Philou qui aura été excellent tout le week-end. Big up aussi à nos dragsters Rémi, Mika et Marie, qui nous ont vraiment permis de franchir un cap en défense et en intensité sur les 2 week-ends de compétition. Sans oublier François pour le capitanat impeccable, Emeric et Brama pour tout le boulot et Juliette pour la logistique.
Dans l’euphorie collective nous noterons tout de même un instant de tristesse puisque François – en plein trip se voyant déjà tel Didier Deschamps soulever la coupe dans un délire indescriptible – fut interrompu par une personne de l’orga :
« Pardon… Euh alors on s’excuse y aura pas de trophée… enfin si y en a un mais on l’a oublié à la maison. Et puis bon de toute façon y a plus personne ils sont tous partis alors… » Bref c’est la loose mais dans un élan de dignité admirable notre capitaine répondit : « Oh ben c’est pas grave ». Nous, on a bien senti le malaise, faut dire on commence à le connaître.
Et en effet tandis que les Fly rangent tréteaux, tonnelles et autres matériels, nous sommes la seule équipe encore là, contents, on traîne, on boit une bière, on fait des photos, on est bien… et puis à la fin quand même on reprend la route pour rentrer, car il va falloir préparer la suite : la N3 ! Vu le plateau, ça risque d’être compliqué, il va falloir recruter au mercato, on pense notamment à un certain Denis D qui a l’intention de laisser tomber l’urban football suite à sa dernière blessure, mais aussi à Jérome G. quand il aura trouvé un bon kiné. Les rumeurs évoquent aussi des jeunes très prometteurs dénommés Estelle et Léa, mais a priori on serait plus sur du long long terme.
En tout cas on a hâte de voir ça.
Sources
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tangentielle_d%27Orl%C3%A9ans
http://www.larep.fr/loiret/actualite/2012/12/04/l-hippodrome-contraint-a-la-fermeture_1359755.html
http://ilearrault.free.fr/photos/